Mémoires d’un caporal mort à Verdun
Que ma vie était belle et douce à Commequiers
J’étais avec ma femme et mes enfants bien aimés.
Dans notre jolie ferme bien aménagée
Il ne manquait rien à notre bonheur en Vendée.
Mais arriva le jour, au milieu de l’été,
Où pour la France c’est ma famille que j’ai quittée.
La bataille de la Marne et la course à la mer
M’ont enlevé des soldats, m’ont privé d’être chers.
Puis vint le tour de Verdun et sa voie sacrée,
Où les ordres sont clairs, il ne faut pas échouer.
Tuer ou être tué, avancer ou bien creuser,
Continuer de se battre, ne jamais renoncer.
Sous la violence du vent, sous la neige ou la pluie,
Peu importe l’heure, en plein jour ou dans la nuit,
Nous nous élançons le pas lourd, le cœur battant,
Sous les obus, les balles, mais toujours en avant
Les horreurs sont fréquentes, immondes et quotidiennes
Scènes de cauchemars, d’épouvantes et inhumaines.
Des attaques au gaz n’ importe où et à toute heure
Sèment parmi mes troupes, de l’effroi et la terreur.
Une vie de misère dans la boue des tranchées,
Sous les balles et les gaz, des obus par millier.
On souffre de faim, de peur et de froid,
Sans parler de l’attaque des totos et des rats.
Notre esprit s’évade enfin le temps d’une lecture,
Nous donnons des nouvelles lors d’une séance d’écriture.
Que sont devenus toutes ces villes et ces villages ?
Triste résultat de tant de haine et de rage !
Distribution de gnôle au fond de la tranchée,
Les gars se préparent en attendent mon coup de sifflet.
J’aperçois à l’abri du poste de commandement,
Une énorme pluie d’obus qui s’approche en grondant.
C’est la mort qui galope pour venir nous chercher.
Furieuse elle hurle et nous crache son venin d’acier.
Juste après la bataille de Douaumont, à Fleury,
C’est mon destin de tomber sous l’obus ennemi.
Touché à mon tour, je sens couler quelques larmes.
C’est l’heure pour moi de retrouver mes frères d’armes.
Je pense très fort à ma femme et à mes enfants,
Je sers une dernière fois leur photo en pleurant.
Mon esprit quitte cette guerre et retourne à Commequiers.
Rejoindre le cœur d’ ma famille pour toujours, à jamais.
Combien de combattants pour la France sont tombés ?
Fantassins, aviateurs, artilleurs, canonniers ?
Pour eux je vous demande de ne jamais oublier,
Le sacrifice de leur vie, les familles endeuillées.
Il vous appartient désormais chaque jour,
De préserver cette paix et ne parler que d’amour.
Classe CM2 «école Robert Doisneau